GTVO – 36km 2750m D+

Grand Trail de la Vallée d'Ossau GTVO

Présentation GTVO

Le 16 juillet, j’ai participé à la 3ème édition du Grand Trail de la Vallée d’Ossau (GTVO). Pour le coup, c’était carrément l’idée d’Adrien ! En bon béarnais, l’Ossau et lui c’est une longue histoire d’amour. Alors faire le tour de sa vallée fétiche en courant, ça coulait de source. Adrien nous a inscrit juste après notre super Euskal Trail. Force est de constater que l’on avait réussi ce défi sans peine, il a tout de suite voulu que l’on se frotte à un autre format tout aussi costaud, si ce n’est plus.
Le GTVO est une course de 75km et 5300m de dénivelé. Beaucoup trop long pour nous, ce type d’effort nécessite énormément d’entraînement et nous n’avons absolument pas le temps de nous infliger une telle rigueur sportive. Notre ami Yann du Happy Running Crew a lui suivi un programme de préparation intense pendant 3 mois pour y parvenir. Une autre belle raison qui nous a convaincu pour nous inscrire sur cette course : aller soutenir notre copain pour son défi de folie.
Cette année, il y avait plus de 524 inscrits sur le GTVO soit 95 relais et 334 solo. Il faut savoir que c’est la troisième édition du GTVO mais que c’est la première fois que la course parvient à se terminer en bonne et due forme.Les années précédentes, les conditions météorologiques n’ont pas permis à l’organisation de laisser les coureurs faire l’intégralité du parcours. Le temps peut être très changeant en montagne alors on ne plaisante pas avec la sécurité ! Cette année, pas un nuage n’a menacé notre avancée et le GTVO a enfin pu être bouclé, pour notre plus grand plaisir.
  
GTVO Grand Trail de la Vallée d'OssauCrédit 2 photos ci-dessus merci à la maman de Yann ! 

Compte-rendu de course :

3h20. La nuit a été courte ! Le temps de se préparer, faire un peu de route et être au départ de la course à 5h. On y est ! C’est Adrien qui fait la première partie, il est plutôt serein avec sa frontale vissée au front. Le top départ est lancé, il fait nuit noire et pour marquer le coup, un feu d’artifice est tiré comme pour en mettre plein la vue aux coureurs. À ce moment là, en bon relayeur 2, je suis placée sur le bas côté de la route prête à encourager à plein poumons. Le passage des coureurs dure un court mais précieux instant qui me met vite dans l’ambiance !
 
Tandis qu’Adrien s’élance pour 39km et 2550m de D+,je retourne me coucher emmitouflée dans un gros duvet dans la voiture. Un peu de sommeil ne me fera pas de mal car cela s’annonce être une journée intense. 7H45, le réveil sonne à nouveau. L’heure pour moi d’aller voir Adrien à son dernier ravitaillement avant notre passage de relai. Impatiente, je m’avance 500 mètres avant pour le voir arriver au plus tôt et courir avec lui. J’attends près de 45min avant d’apercevoir le bout de sa visière. Je crie son nom et le rejoint dans sa course. Je lui demande s’il va bien et s’il ne manque de rien. Tout semble rouler dans le meilleur des mondes pour mon montagnard en pleine forme. Quelques mètres avant de le laisser au ravito, je le prends par le cou pour un petit bisou qui nous vaut des « ooooulala » et des applaudissements du public. Je fais marche arrière pour aller attendre Yann qui arrive seulement 1min plus tard. Il semble lui aussi aller très bien et mes p’tis mecs repartent ensemble presque bras dessus bras dessous !
 
blog sport running trail GTVO
Crédit photo : Jean Baptiste Cuyala

Ma prochaine mission consiste alors à rejoindre le gymnase où est organisé le relai, enfiler mes habits de lumière, manger une compote et une barre de céréale et attendre mon bien aimé. L’attente se fait un peu longue mais heureusement je rencontre Jean Baptiste et Alexis qui m’ont reconnu via le blog. Cela fait trop plaisir de rencontrer des mecs (pour une fois!) et dans un tel contexte ! Je vois les premières femmes en relai arriver, elles sont superbes et très inspirantes. Cris de joie en voyant Yann. Pour lui, ce n’est que la moitié du parcours même si la suite s’annonce encore plus difficile à avaler après 6h de course…
 
Adrien arrive suant mais serein 10min après lui. Je suis toute excitée de pouvoir ENFIN partir. Il est 11h30, il fait déjà hyper chaud. Adrien m’installe ma visière sur la tête et me répète « surtout, bois avant d’avoir soif !!! ». OK, noté, allez, salut ! Je m’élance tout sourire, même si je sais exactement ce qui m’attends sur les 15 premiers kilomètres… Nous avions fait une reconnaissance avec Adrien et Yann le mois dernier et je peux vous dire que quand tu ne parcours que 4 petits kilomètres en 1h15, c’est que tu ne fais pas semblant de grimper. Mais l’avantage avec la montagne du Rey, c’est que la vue est à couper le souffle sur le village de Louvie-Juzon. Chaque kilomètre, aussi difficile soit-il, permet d’avoir un panorama encore plus beau et rend la grimpette tellement plus appréciable. Sur cette portion, on commence par un chemin de terre avant de prendre un petit sentier pentu et finir par un passage tellement escarpé qu’il faut mettre les mains dans les cailloux. Arrivée en haut je bois, je mange la moitié d’une barre aux amandes en admirant le paysage et je repars de plus belle pour attaquer la descente ultra technique. Comme j’en ai déjà bavé lors de la reconnaissance à essayer en vain de prendre de la vitesse, je sais que je dois prendre mon temps et descendre calmement. C’est un peu frustrant car j’adore les descentes… Je me sens tellement vivante lorsque je peux dérouler sereinement ! Mais hors de question de risquer le moindre bobo sachant tout ce qui m’attend. Retour au plat non moins difficile avec un bon kilomètre dans la boue. À tel point que pour chaque pas, je me demande si ma chaussure ne va pas rester accrochée ! Et puis arrive un petit chemin de terre où je peux enfin dérouler gentiment. Un petit garçon m’encourage en me disant que le ravitaillement n’est pas loin. Je suis étonnée de le voir arriver si tôt, au 6ème km alors que je m’étais mise dans la tête qu’il serait au 8ème… Qu’importe je l’apprécie tout autant ! L’ambiance au port de Castet est incroyable. J’aperçois les parents de Yann qui nous suivent eux aussi dans cette aventure et ils m’annoncent qu’Adrien, qui devait me retrouver aussi, n’a pas pu venir car il a cherché la voiture pendant 2h… Je lève les yeux haut au ciel en me disant que c’est un bon cassoc’ : cela me met tout de même un petit coup au moral.
S’en suit un petit passage roulant avant d’attaquer une grosse montée dans les bois. J’en profite pour envoyer un SMS à Adrien « Bien joué pour le ravito + emoji pouce baissé ». Il me répond aussi sec un mignon message d’encouragement mais j’ai toujours ce petit manque de motivation, sûrement à cause de ce passage difficile et redondant que je connais déjà. En puis, il fait si sombre dans la forêt que ça contraste vraiment avec la météo radieuse du jour. C’est alors que je me mets dans les pas d’Angèle, une nana du coin qui connaît le parcours comme sa poche. Elle me parle des prochaines difficultés du parcours et nous discutons pendant plusieurs kilomètres. Cela rend la course tellement agréable que cette portion finit par passer à vitesse grand V. On arrive alors au ravito du 13ème km, au col de Jaut. Angèle retrouve toute sa famille mais pour ma part, je n’attendais personne ici. Je refais rapidement mon stock d’eau, j’avale quelques TUCs avec du fromage (cela sera mon combo salé des ravitos en alternant hors ravito avec des barres sucrés aux amandes) et c’est reparti mon kiki.
 
blogueuse sport GTVO
Crédit photo : Jean Baptiste Cuyala

Le prochain ravitaillement ne sera que dans 12km. Avant cela je n’ai pas un mais deux cols à franchir. Je suis d’attaque et prête à relever ce défi. Le moral est bon, le physique aussi. Je n’ai aucune douleur mais après plus de 3h13 de course, je prends mes précautions : j’attaque le col de Lallène doucement mais sûrement. De toute façon, c’est compliqué d’en faire autrement puisque le sol n’est autre qu’un éboulis de pierres et de cailloux. Chaque pas doit se mesurer méticuleusement pour ne pas risquer de glisser ni de tomber. En plus d’être intense, ce passage est en plein soleil. Alors je prends le temps de faire des petites pauses pour boire et j’en profite pour admirer le paysage. Je suis entourée de coureurs qui tirent la langue et on se soutient en échangeant des sourires et des regards bienveillants. Quand tout à coup, j’entends quelqu’un crier au sommet pour encourager les troupes. « Allez, allez, vous y êtes presque ! ». C’est une bénévole avec une pêche d’enfer, présente pour relever les temps de passage. Sa bonne humeur me fait un bien fou et j’attaque la descente tout sourire.
Je n’ai aucune notion du temps. Je sais que je cours depuis environ 5h mais je n’ai même pas envie de calculer mon heure de départ + l’heure qu’affiche ma montre ! Ce qui me conforte dans mon avancée, c’est que mon corps et mon mental suivent et c’est tout ce qui m’importe. Il n’y a pas le feu au lac, j’arriverai quand j’arriverai (le fût de bière ne va pas s’envoler!). Après avoir survécu Lallène, je dois alors m’attaquer au col de l’Aubisque. C’est la dernière grosse montée : celle pour laquelle je me réserve depuis le début. Tout le monde m’a répété qu’il fallait garder des forces jusque là car une fois arrivée en haut, ça serait le début de la fin. Bizarrement, des 4 cols que j’ai dû franchir, c’est celui-ci qui me paraît le plus doux. Bon, je n’ai pas la niaque pour l’attaquer énergiquement car la fatigue dans les jambes se fait tout de même ressentir mais ça passe plutôt bien ! Et puis ça y est, j’arrive au dernier ravito, celui où je dois retrouver mon Adrien ! 6h après l’avoir quitté à Louvie-Juzon, ça fait du bien de le revoir. On échange rapidement, je me ravitaille, un bisou et zou.
Ce n’est pas le tout mais j’ai encore 11km de descente ! Je ne sais pas ce qui m’attend, si la descente est technique ou non… Au départ, on commence à courir dans les pâturages, ce qui me semble à première vue facilement roulant. C’est sans compter les nombreux trous où mon pied glisse… Je ralentis donc par prudence. Et puis, un chemin de terre où je peux dérouler et retrouver naturellement un rythme avoisinant les 6min/km. ENFIN ! Cela fait un bien fou même si malheureusement, ça ne durera que 15 bonnes minutes. S’en suit une descente bien plus technique, sur un tout petit chemin de terre plein de caillasses où seule une chaussure sur deux peut loger. Et surtout, des fougères et des herbes hautes qui me barrent la route ! Comment vous dire que, ayant une récente phobie des tiques, je flippe. Je me revois sur ce passage à lever les bras en l’air pour tenter minablement de les toucher le moins possible (heureusement que je n’étais pas filmée haha)… Je ne sais pas vraiment combien de temps ce passage a duré mais beaucoup trop à mon goût ! Autant vous dire que quand je retrouve le bitume à 6km l’arrivée, je suis aux anges. Je me dis que ça va être comme ça jusqu’à l’arrivée et mes jambes réagissant bien au contraste chemin/bitume, cela me réjouit !
 
Très vite, je croise des habitants du village qui sont là pour encourager. Des larmes de joie me montent aux yeux, je souris à pleine dents et je déroule sur le bitume. Et puis on bifurque. Le parcours nous fait passer par un sentier plein de boue et de cailloux qui m’oblige à marcher à nouveau pendant plus d’1km. On retrouve alors le bitume mais un nouveau détour nous fait passer une fois de plus par un chemin boueux. Je suis un peu déçue car finalement, sur 11km de descente, je n’ai pas eu beaucoup d’occasion de dérouler (un tiers je dirai). Mais cette foisci on y est, je retrouve le village de Laruns où tout à commencer cette nuit. Et que vois-je ? Mon Adrien qui m’attend sagement sur le bas côté de la route ! Je lui demande aussitôt si l’arrivée est proche mais il me répond par la négative. Il nous reste près de 2km avant l’arche. Pour le coup, on va boucler la boucle ensemble ! Ce passage est assez intense car physiquement, il m’est difficile de relancer sur le bitume avec tous les faux plats. J’alterne marche et course. À chaque virage, j’espère apercevoir l’arche finale mais j’enchaîne les déceptions. J’ai la douce impression que l’on nous fait tournicoter dans le village histoire de faire le quota de kilomètres. Mais tout ce côté enquiquinant ne prend pas le dessus de l’émotion qui est belle et bien présente. Et puis ça y est, ENFIN, au détour d’un virage : la dernière ligne droite. J’y vais à fond les ballons (appeler ça un sprint après 7h47 de course serait présomptueux!). On passe la ligne main dans la main et on se serre enfin dans les bras. Pas de médaille ni de t-shirt finisher pour les duo à l’arrivée, c’est dommage mais une bonne bière nous attend quand même.
 
compte-rendu course à pied GTVO
trail running pyérénées GTVO
GTVO équipe duo
Crédit photos : Jean Etcheverry

Le temps de prendre une bonne douche bien méritée et d’enlever toute la boue sur mes mollets et on repart à nouveau pour aller chercher Yann. On le récupère 300 mètres avant l’arrivée pour courir avec lui. Quel champion !
 
Ouais, c’est ce qu’on appelle une journée bien remplie ! Le plus fou c’est que je ne l’ai pas vue passer. J’ai couru si longtemps et pourtant, je ne me suis pas ennuyée une seconde. Je ne doutais en aucun cas de mes capacités à réaliser un tel défi car je connais bien mes limites. Il n’était pas question de me dépasser mais bien de m’économiser pour franchir non pas 1, non pas 2, non pas 3 mais 4 COLS soit 2750m de dénivelé.
Pour sûr, je me réinscrirai un jour à cette course car l’organisation est vraiment top. J’ai eu de très bonnes sensations et le parcours est vraiment canon (difficile mais canon!). Pour le grand format, je ne suis pas prête de m’y aventurer. J’ai la chance de pouvoir prendre du plaisir sans entraînement sur des courses de 10 à 40 bornes alors à quoi bon puisque je n’ai ni le temps, ni l’énergie, ni l’envie de suivre un programme d’entraînement strict. Peut-êtreà la crise de la quarantaine …?!
 
En tout cas, j’ai déjà hâte de me ré-inscire sur un trail aussi sympa que celui ci ou aussi fun que l’Euskal Trail. La suite au prochain épisode !
À très vite,

xx Chloé